Dans la nuit du 22 au 23 mai dernier j’ai participé à un inventaire des papillons de nuit présents sur la réserve des Antonins à Saint Marc la Lande. L’opération a réuni Paulin Mercier, entomo à DSNE, Neil Wilding, Olivier Collober, Maxime Passerault et moi-même. Le conservateur de la réserve, Alexandre Boissinot, nous a rejoint après avoir effectué un inventaire des amphibiens sur la réserve.
J’ai donc posé trois questions à Paulin pour savoir quelles furent les grandes découvertes de la nuit.
1- Quel est le bilan de la soirée ?
La soirée du Lundi 22 Mai a été positive sur plusieurs points. De nouvelles personnes étaient présentes à cette soirée Hétérocères – les papillons de nuit – (3eme depuis le début de l’année) signe d’une certaine dynamique autour de ce groupe d’espèces en particulier. Cela a permis de nouveaux échanges de connaissances, des découvertes et de renforcer des liens entre bénévoles et salariés. D’autre part, ça a été une soirée riche en observations, avec près de 76 espèces observées cette nuit. C’est un bon « score » pour un mois de Mai, et cela augure de belles choses pour les mois suivants (d’une manière générale, le mois de Juillet est le plus riche et le plus diversifié en espèces). Quelques espèces intéressantes ont été trouvées, telles que la Plusie de la fétuque, une belle Noctuelle aux couleurs dorés dont la chenille vit sur des végétaux de marais, ou encore la Lunaire, un grand papillon migrateur assez rare en Deux-Sèvres.
2- Comment on s’y prend pour attirer des papillons de nuit sans abîmer leurs ailes ?
Le meilleur moyen pour attirer les papillons nocturnes est d’utiliser une ampoule à vapeur de mercure. Ces insectes utilisent la lumière des astres pour se déplacer. Lorsqu’ils entrent dans le champ d’action de la lumière de l’ampoule, les papillons vont changer de trajectoire et se diriger vers celle ci. Un grand drap blanc tendu derrière la lampe permettra aux papillons de se poser dessus, et facilitera ainsi leur observation. Il n’est donc pas nécessaire de les capturer ou de les manipuler, l’attraction par la lumière est telle qu’ils ne sont plus du tout farouches et se laissent approcher à quelques centimètres. Il est possible d’identifier à vue un certain nombre d’espèces, mais pour certaines, leur ressemblance avec d’autres papillons est telle que les critères morphologiques ne suffisent plus, et il est alors nécessaire de réaliser la dissection du papillon et d’observer ses organes génitaux au microscope. Dans le cadre de l’inventaire réalisé sur la réserve, aucun prélèvement n’est effectué, tous les papillons repartent donc en vie à la fin de la nuit.
3- Que signifie une telle richesse pour la réserve ?
Pour le moment, avec le cumul des 3 inventaires nocturnes réalisés sur la réserve et de quelques observations fortuites en journée, c’est près de 110 espèces qui ont été observées. C’est un bon début, mais c’est encore nettement améliorable en continuant ces inventaires tout au long de l’année, jusqu’en Novembre. En effet, chez les Lépidoptères nocturnes, certaines espèces ont une phénologie – cycle de vie en lien avec les saisons – bien particulière, et ne seront observables qu’une partie de l’année. Par exemple, chez la Phalène précoce (Theria primaria), la période de vol se limite aux mois de Janvier et Février. D’autre part, il faut mettre en relation ces 110 espèces observées avec le nombre d’espèces potentielles en Deux Sèvres, qui avoisine les 730 espèces pour les Macrohétérocères. C’est donc un bon début, mais encore trop tôt pour savoir quelle est la richesse de la réserve. Il faudra revenir à la fin de l’année pour faire le total!
Propos recueillis par Thierry Wattez, bénévole à DSNE